Théâtre : Hôtel Palestine de Falk Richter,mise en scène JC Fall




En avril, le théâtre de Lenche a eu la bonne idée de proposer au public marseillais Hôtel Palestine, mis en scène par Jean-Claude Fall et joué par La Manufacture Cie.

Cette pièce écrite en 2004 par l’auteur allemand Falk Richter est un pamphlet dénonçant l’Amérique de Bush, le militarisme néo-libéral, les mensonges d’État et la complicité des médias de masse. Le décor : un mur surmonté de barbelés, un de ceux qui se sont multipliés dans Bagdad « libérée » par les États-Unis, et du sable, celui où se sont enlisés les rêves de domination des néo-conservateurs. Quelque part en Irak, deux porte-paroles du gouvernement américain donnent une conférence de presse, en face des journalistes. On s’aperçoit bien vite que certains sont tout acquis au discours officiel, tandis que d’autres refusent ce rôle et posent des questions dérangeantes. Les dialogues s’entrecoupent de monologues, où des personnages sûrs de leur supériorité, de leur puissance, de la mission quasi messianique d’une Amérique impériale se confrontent à deux brebis galeuses symboles de l’Amérique qui résiste.

La projection d’images diverses sur le mur et la bande-son qui les accompagne renforcent le propos, élargissent la réflexion. Du 11 septembre 2001 à l’essor du Tea Party, des extraits de journaux télévisés et autres documents font un portrait au vitriol de l’Amérique conservatrice, d’extrême-droite, dont Fox News est l’organe central.

Derrière le spectacle de la guerre, c’est la violence de l’occupation de l’Irak – et plus généralement de la planète – celle d’un capitalisme prédateur allié à un complexe militaro-industriel tentaculaire. Les masques démocratiques et humanitaires tombent.

L’interaction entre la déferlante d’images et de sons, et le jeu intense des trois acteurs et trois actrices fonctionne parfaitement. Le public est maintenu en tension par des périodes furieuses qui alternent avec des moments de répit permettant de reprendre son souffle. Dans la petite salle du théâtre de Lenche, le spectacle est saisissant.

Du théâtre politique de qualité où la force de la dénonciation ne se fait pas au détriment de la finesse d’analyse.

Hervé (AL Marseille)

 
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