journal de bord

Un communiste libertaire dans les YPG #13 : « Deux camarades fauchés par les snipers de Daech »




« J’ai fini par m’endormir dans un coin de ce toit glacial, recouvert d’un morceau de carton. J’étais toujours en vie ! »


Alternative libertaire reproduit les billets du blog Kurdistan-Autogestion-Révolution, carnet de voyage d’un camarade engagé au sein des YPG.

Au fil des semaines, il témoignera de la vie au sein des milices combattantes, des débats qui s’y mènent et de l’expérience du confédéralisme démocratique dans les zones libérées.


Front Est de Raqqa, le 6 septembre 2017

Suite de mon précédent billet.

Mansoura, de nuit. Après avoir investi deux immeubles avec succès, notre équipe devait s’emparer d’un troisième. Après une progression nerveusement éprouvante – nous nous sommes trompés d’objectif, avons dû recommencer – nous avons fini par atteindre la maison convoitée. De nouveau le toit, le muret, le burin, le marteau, des meurtrières. J’ai fini par m’endormir dans un coin de ce toit glacial, recouvert d’un morceau de carton. J’étais toujours en vie !

Réveillé au petit jour, notre groupe s’est divisé. Avec trois autres camarades, j’ai été occuper un bâtiment voisin. On signalait l’activité de snipers ennemis.

Au cas où vous vous poseriez la question : non, la progression de jour n’est ni plus facile ni plus rassurante. Peut-être verra-t-on au moins la mort en face ? C’est sur ces morbides réflexions que nous avons investi le toit. Premier tour de garde : R.A.S. : des explosions dans le lointain, quelques fusillades éparses. Quand mon tour est venu, je me suis endormi. Curieuse routine : peut-être les choses étaient-elles plus faciles que je ne l’imaginais…

Mais quand on a m’a réveillé pour un nouveau tour de garde, j’ai croisé le regard abattu de mon camarade, les yeux embués de larmes. Pendant mon sommeil, deux camarades de notre unité avaient été fauchés par les snipers de l’État islamique, et deux autres grièvement blessés par une mine.

J’étais à présent de plain-pied dans la guerre.

Arthur Aberlin

 
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