Verts libéraux : Le capital en son jardin




Les partis écologistes européens regardaient avec envie leurs homologues allemands et suisses, voyant en eux la preuve que l’on pouvait porter un projet écologique et se faire entendre sans forcément être attaché au wagon du PS. Las, ces partis historiques doivent maintenant combattre une branche écologiste de droite.

Le message est passé, surtout auprès des populations urbaines, et les partis écologistes ont remporté quelques jolis succès électoraux flirtant avec les 20 % (en Allemagne) et participant à la vie locale à des postes importants (en Autriche et en Suisse), dans des pays qui laissent une grande autonomie aux instances locales. En entrant dans l’arène électorale, les partis écologistes ont également dû apprendre la culture du compromis et renoncer à leurs idées pour maintenir en certains endroits de fragiles coalitions avec des alliés aux idées pas toujours très vertes – tout en connaissant de violentes querelles internes de partis.

Parallèlement, la droite monte un contreprojet en affirmant que l’écologie ne peut être un domaine réservé de la gauche. Ainsi naissent les Verts libéraux dont les premiers leaders seront le plus souvent des anciens lieutenants reconvertis des partis verts traditionnels (comme en Allemagne et en Suisse romande).

[*Près de 10 % aux élections*]

Depuis la prise de conscience collective de la dégradation générale de la planète, le capitalisme a compris qu’un environnement de proximité sauvegardé est un environnement pour lequel beaucoup sont prêts à payer. Après avoir dégradé (parfois de manière définitive) des pans entiers d’écosystèmes, le capitalisme propose, par la voix des Verts libéraux, d’offrir à des populations triées sur le volet de rares morceaux d’espace protégés où il fait bon vivre. Dans un contexte de replis locaux observables en temps de crise, la recette fonctionne et enregistre des succès (ils sont proche de 10 %) aux élections loin devant les Verts traditionnels en Suisse).

À ceux qui peuvent payer, les Verts libéraux proposent des havres de paix : habitat basse consommation, pistes cyclables, implantations de musées… Dans ce projet, les modifications sociétales sont d’ordre cosmétique. Les vélos partagent l’espace avec les voitures, les musées n’accueillent toujours pas les familles et les appartements coûtent toujours aussi cher. Tout cela dans une saine concurrence où l’ensemble des entreprises voit dans ce marché l’occasion de facturer très cher des services à une clientèle aisée.

[*Trop peu d’avancées*]

Cette baisse de résultats électoraux pour les partis écologistes classiques a deux conséquences. D’une part, il devient de plus en plus délicat de négocier avec les poids lourds de la gauche pour insuffler des changements profonds. D’autre part, il devient plus difficile de convaincre que les vrais changements passent par plus qu’un vernis sur nos habitudes ; un sirop nettement plus amer que ce que proposent les verts libéraux. Les derniers résultats électoraux obtenus en Suisse et dans certains länder d’Allemagne, vont obliger les partis écologistes à un changement.

Déjà certains pointent les effets délétères des compromis issus des négociations pour l’obtention des postes qui ont permis trop peu d’avancées en terme d’idées et de comportements.

Noyé-e-s dans le jeu électoral, pas sûrs que les militantes et les militants de terrains voudront sacrifier leurs idées sur l’autel des alliances. Pendant ce temps, les Verts libéraux accélèrent la marche du train fou du capital en se faisant passer pour des régulateurs. Le succès est présent aujourd’hui. Pas sûr qu’il s’inscrive dans la durée.

Nico (AL Paris Nord-Est)

 
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