nécrologie

Pascal Dauvel, prévenant avec les camarades, intraitable avec les patrons




Syndicaliste cheminot d’esprit très « unitaire » et combatif, débordant de générosité, Pascal Dauvel avait été un des fondateurs de l’UTCL, puis d’AL sur Rouen.

Notre camarade Pascal Dauvel, militant syndicaliste et libertaire nous a quitté à l’âge de 58 ans le vendredi 10 novembre 2017, suite à un cancer.

Dès son entrée comme contrôleur à la SNCF à Rouen, Pascal a milité pour un monde meilleur. Sans sectarisme, mais avec des convictions fortes. Au boulot, il était performant à sa façon : le carnet de procès-verbaux restait bien au fond de sa poche, car sa conception du travail, c’était l’accompagnement avant tout, les recettes pouvaient bien attendre.

Militant à la CFDT, il prit l’animation du syndicat de Rouen en octobre 1983, avec quelques copains et copines. Chargé de l’information, il agrémentait les publications syndicales de dessins tirés de ses BD préférées.

Dans les coordinations de 1986-1987

Mais le syndicalisme divisé, et parfois diviseur, n’était pas sa tasse de thé, aussi participa-t-il activement à ce courant qu’on qualifiera d’« unitaire », caractéristique du mouvement cheminot à Rouen dans les années 1980, et qui, via tracts, pétitions, collectifs, journal… s’étoffa jusqu’à aboutir à redécouvrir la pratique des AG, des comités de grève, des coordinations en 1986-1987.

Parce qu’il préférait le collectif à l’individualisme, il a toujours donné le meilleur de lui-même pour les exclu.es, les sans-papiers, les sans-emplois, les sans-logis, les discriminé.es, les oublié.es… Il avait aussi un grand sens de l’hospitalité : habitant rive gauche (oh pardon, rive SUD) à Rouen, il laissait toujours la porte de son appartement ouverte pour que ses collègues puissent venir se désaltérer et se reposer entre deux trains.

Autre moment important dans la vie de Pascal : son engagement au sein de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (Ardecom). À Rouen, nous avions choisi de tester les méthodes chimiques. Au-delà, ce fut l’occasion de questionner la place des hommes dans la société.

Lors des nombreuses grèves qu’il fit, il était de toutes les actions : piquets de grève à 4 heures, barbecue, AG, distribution de tracts aux portes des usines de l’agglomération rouennaise, blocage du métro voire de la ville… « Je travaille davantage lors des grèves que quand je suis sur un train », disait-il.

De la saine lecture dans les foyers

Suite à la grande grève de 1986-1987, il rejoignit avec quelques copains l’UTCL sur Rouen, avant d’y fonder AL. Discret mais efficace, il laissait traîner dans les foyers des « roulants » où il passait des journaux comme Lutter !, puis Alternative libertaire« saine lecture », souriait-il.

Après Décembre 95, il fut un des fondateurs de SUD-Rail Normandie et s’investit dans Solidaires Haute-Normandie, dont il fut membre du bureau plusieurs années. Archiviste hors pair, il consacrait ses mois d’août comme permanent syndical à découper des articles, les classer, nettoyer le local… Tout était rangé mieux qu’à son domicile paraît-il.

Prévenant et disponible au quotidien avec ses ami.es, il apaisait les tensions pour réunir et agir, mais était intraitable avec la direction et plus largement avec tous les libéraux et fachos.

Homme de conviction, combatif, sincère, sensible et révolté tel était Pascal. Albert Camus disait : « Qu’est ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non. » Pascal a toujours su dire non. On ne t’oubliera pas. Salut mon p’tit Pascal.

Jacquot (AL Rouen)

 
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