Antifascisme

Collectif Golem : Une maison pour les Juifs et Juives de gauche




Dimanche 12 novembre, un groupe de Juifs et de Juives antiracistes, Golem, a créé l’événement en tentant de s’opposer bruyamment à la présence du Rassemblement national lors de la marche institutionnelle contre l’antisémitisme. Récit de l’intérieur.

En ce dimanche 12 novembre, alors que Marine le Pen et sa clique commencent à avancer sur la place des Invalides, prête à effectuer un énorme hold-up médiatique sur la marche contre l’antisémitisme, le cortège de fascistes entourés de caméras s’arrête dans une cohue. « On dégage l’extrême droite ! » résonne alors sur un air de chanson de bar-mitzvah. Une centaine de militantes et militants, principalement juifs, tente de former un réel cordon sanitaire contre l’extrême droite, avec slogans, pancartes et banderoles.

Sous la bannière du Golem, une créature du folklore juif ashkénaze, invoquée pour défendre la population face aux pogroms, les antiracistes sont finalement repoussés par la police, présente pour protéger les fascistes. La police française qui a fini par nasser des Juifs et Juives lors d’une marche contre l’antisémitisme, un sacré symbole !

Mais cela ne nous importe plus. Nous avons tenu la ligne ensemble contre l’extrême droite et nous avons retrouvé de l’enthousiasme.

Après un mois à ressentir de l’isolement face à la montée angoissante de l’antisémitisme et du tiraillement face à la situation en Israël et en Palestine, nous avons réussi à redonner une voix à de nombreuses personnes juives de gauche, comme les réactions à notre action l’ont montré le jour même et par la suite.

Retrouver sa dignité

Pourtant on le sait, l’extrême droite a réussi à défiler, tout comme la droite d’opposition et de gouvernement, avec leurs politiques racistes et antisociales. Ils instrumentalisent les souffrances des uns pour taper sur les autres, et ils continueront de le faire tant que ce sera possible pour eux. Dans un contexte si défavorable, le Golem a donné de la dignité à celles et ceux qui trouvaient insupportable de voir des antisémites à cette marche.

Alors comment renverser la vapeur ? Comment faire pour qu’ils ne puissent plus se pavaner comme les défenseurs des Juifs et des Juives ? Les camarades du Golem, issus de différents courants progressistes, avaient toutes et tous la même amertume : c’est la gauche qui aurait du lancer cette initiative : le combat contre l’antisémitisme sera de gauche ou ne sera pas. Et pourtant, cela ne s’est pas fait ainsi car pour le moment, ce n’est pas encore possible. Et après les réactions suivant le 7 octobre, rendant Israël seul responsable des massacres commis par le Hamas, légitimant ceux-ci, voire même soutenant ce « moyen de lutte », le fossé n’a fait que se creuser.

Le Golem sera peut-être un point d’appui à l’avenir, une maison pour les Juifs et Juives de gauche qui souhaitent faire évoluer cette situation. Pour que notre camp social reprenne la place qui doit être la sienne dans la lutte contre l’antisémitisme, celle qu’elle a choisi de prendre après l’affaire Dreyfus.

Manu (UCL Paris-nord-est)

 
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