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Lire Martin Cennevitz, Haymarket. Récit des origines du 1er Mai




Chicago, une bombe explose, sept policiers défunts, des pendus, un suicidé… un polar rêvé pour Darmanin. De l’audimat en perspective ! Eh non ! Nous sommes en mai 1886. Huit hommes sont sur le banc des accusés.
C’est l’histoire de ces hommes que Martin Cennevitz, historien, a choisi de nous narrer.

Cette sinistre aventure sera à l’origine d’une fête célébrée presque partout dans le monde à l’exception d’irréductibles capitalistes anglo-saxons qui lui préfèrent le Labor Day, du premier lundi de septembre.

En 1889, la IIe Internationale fait du 1er mai la Fête des travailleurs. Elle désirait commémorer ces événements survenus à Chicago, cette grève à l’issue fatale. Le président américain d’alors n’entendait pas céder, craignant de promouvoir les grèves et révéler les injustices qui avaient marqué le mouvement ouvrier dans son pays.

Pour que cette date ne sombre pas dans les béances mémorielles tant souhaitées par certains revisiteurs de l’histoire, Martin Cennevitz nous invite à revivre ce temps d’Haymarket. Il nous convie à un parcours mémoriel imaginaire aux côtés des inculpés et de leurs familles, à partager leurs doutes, leurs angoisses et leurs certitudes.

Le 1er mai 1886, une grève massive éclate à Chicago, pour défendre la journée de travail de huit heures. Le 4, un rassemblement est organisé à Haymarket Square, mais les choses dégénèrent. Une bombe explose, tuant sept policiers. Les forces de l’ordre tirent dans la foule.

Les autorités veulent en finir. Huit hommes sont arrêtés et accusés, à tort, d’être à l’origine de l’attaque. Tous luttent pour les droits des travailleurs, boucs émissaires parfaits pour la police incapable d’identifier l’auteur de l’attentat. Quatre d’entre eux sont pendus, un se suicide en prison.

Deux autres obtiendront que leur peine soit commuée en un emprisonnement à vie. Le dernier devait rester quinze ans derrière les barreaux, il est gracié en 1893.

Martin Cennevitz a choisi de faire revivre au plus près la survie de ces huit personnes, en s’immisçant dans leurs cellules, en imaginant leurs pensées et tout le courage dont ils firent preuve.

Dominique Sureau (UCL Angers)

Martin Cennevitz, Haymarket. Récit des origines du 1er Mai, éditions Lux, 216 pages, 12 euros.

 
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