Royaume-Uni : Lizzie’s in a box, and now, let’s abolish the monarchy

La monarchie joue un rôle clé dans le maintien du statu quo. La Reine et sa famille sont là pour maintenir le sentiment d’unité nationale qui est essentiel à la pérennité du Royaume-Uni et du Commonwealth, et pour masquer les divisions de classe flagrantes dans la société britannique.

Sa mort survient à un moment de grand stress pour la société britannique. Son dernier acte, juste avant sa mort, a été de donner son aval au nouveau gouvernement de Liz Truss, de plus en plus impopulaire et déterminé à s’en prendre violemment à la classe ouvrière. Elle a supervisé le transfert de pouvoir entre 15 premiers ministres au cours de son règne et gérée ces transitions avec peu de heurts, ce qui, dans de nombreux autres pays, aurait conduit à des troubles.

Elle a supervisé l’effondrement de l’Empire britannique, et a été à la tête du Commonwealth qui l’a remplacé. Elle n’était pas seulement reine de Grande-Bretagne, mais aussi de quatorze autres pays, dont le Canada et les îles Salomon. Ce rôle est remis en question, comme l’a déjà fait la décision de sept États des Caraïbes de la démettre de ses fonctions de chef d’État.

Nostalgie impériale

Aujourd’hui, Charles est devenu roi. Il est la personne la plus âgée de l’histoire à devenir la tête couronnée et sa popularité est faible. Malgré la flagornerie et le léchage de bottes de l’establishment et de ses médias, où le « nous », comme dans « nous aimons tous la monarchie » est régulièrement utilisé pour colporter l’idée d’une seule nation, sans divisions de classe ou de région, un nombre croissant de personnes s’opposent au maintien de la monarchie.

Comme nous l’avons dit après la mort du prince Phillip, la couverture médiatique excessive de son décès a marqué l’intensification d’une guerre idéologique contre tout signe de rébellion ou de dissidence.

Témoin l’horreur de l’ordre établi face au déboulonnage de statues lors de l’été des manifestations Black Lives Matter en 2020. Il réagit en tentant de contrôler encore plus étroitement le programme scolaire, en vantant les « bienfaits » de l’Empire britannique. Maintenant, l’establishment a préparé un spectacle, l’Opération London Bridge, prévue de longue date pour célébrer et justifier cette institution parasite, la monarchie avec des flots écœurants d’éloges à l’égard de la famille royale, une nostalgie des « gloires » passées de l’Empire et une montée en puissance d’un patriotisme de pacotille.

Malgré la capacité de la reine à dissimuler les privilèges et la richesse de la famille royale, ses enfants et petits-enfants ont fait le contraire, notamment avec les scandales dans lesquels le prince Andrew a été impliqué, de par ses liens avec le milliardaire pédophile Jeffrey Epstein, avec l’étalage public des privilèges et de la richesse de Harry et Meghan, et avec les collectes de fonds douteuses de Charles pour ses œuvres de charité.

La classe dirigeante espère que l’impopulaire Charles jouera le rôle de chef d’État intérimaire pendant une courte période, avant de céder le trône à William. En effet, cela pourrait bien être le plan de jeu de Charles et de William, qui tentent de moderniser et d’alléger la monarchie afin de la maintenir en vie.

Tout ceci, bien sûr, intervient à un moment où l’agitation sociale est sans précédent, avec de nombreux secteurs de la classe ouvrière qui se mettent en grève ou se préparent à le faire. L’été a été chaud, et l’automne et l’hiver s’annoncent tout aussi torrides en termes de luttes.

Deuil national, trêve sociale

Le parti travailliste et les dirigeants syndicaux, en tant que pompiers de la conflictualité sociale, sont déjà venus à la rescousse de la classe dirigeante. Le syndicat des travailleurs de la communication (CWU), qui regroupe les postiers, et le syndicat des chemins de fer, de la marine et des transports (RMT) ont tous deux annulé les grèves et le leader du RMT, Mick Lynch, a déclaré que le « RMT se joint à toute la nation pour rendre hommage à la reine Elizabeth ».

Quant à Keir Starmer, leader du parti travailliste, il a confirmé et soutenu le rôle qu’Elizabeth a joué dans la promotion de l’unité nationale et l’occultation des antagonismes de classe, en déclarant  : « alors que notre grande époque élisabéthaine touche à sa fin, nous honorerons la mémoire de la défunte reine en maintenant vivantes les valeurs du service public qu’elle incarnait. » Quant à la gauche du Labour, Jeremy Corbyn a fait l’éloge de la reine et de sa famille.

De même, la direction d’Extinction Rebellion (XR) a reporté son Festival de la résistance prévu de longue date. Elle a toujours insisté sur l’urgence d’une action immédiate contre le changement climatique. Cependant, lorsque le moment est venu, elle a interrompu les actions prévues pour la semaine à venir pendant les douze jours de l’opération London Bridge.

Nous savons également que certains groupes d’action communautaire locaux ont suspendu leurs activités pendant cette période de deuil.

Il est de plus en plus impératif que nous, dans la classe ouvrière, développions nos propres organisations indépendantes, libres des dirigeants syndicaux et travaillistes, si nous voulons mener une lutte efficace contre la classe patronale de plus en plus agressive.

La décision des dirigeants syndicaux d’appeler à une trêve dans la lutte ne signifie pas que la classe dirigeante va lui rendre la pareille, car les attaques contre nous vont s’intensifier, avec la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, les augmentations de loyer, l’inflation qui ronge les salaires, et le démantèlement du système de santé publique.
Abolissez la monarchie  !

Rompez avec les travaillistes et les bureaucrates des syndicats  !
Pour une révolution sociale et la création d’une nouvelle société libre et égalitaire  !

Anarchist Communist Group (Grande-Bretagne) le 10/09/2022