Retraites, assurance chômage : Macron trouvera-t-il la fenêtre de tir ?




Maintes fois annoncées, puis brutalement déprogrammées par le Covid pour éviter une crise sociale ingérable, les nouvelles réformes de l’assurance chômage et du système de retraites pourraient être remises sur le métier à l’automne – mais l’agenda est pour le moins incertain.

À l’opposé de ses revirements sur la crise sanitaire, l’exécutif insiste sur sa volonté de réformer les retraites et l’assurance chômage. Et de nous faire payer la facture du « quoi qu’il en coûte ». C’est déjà ce que ­disait en septembre 2020 le ministre de l’Économie, et ce qu’a confirmé Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 12 juillet.

Chômage : déni et contre-vérités

La réforme de l’assurance chômage sera « pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre », a affirmé le chef de l’État pendant son discours, faisant sienne la date avancée par sa ministre du Travail deux semaines plus tôt, à propos de l’entrée en vigueur du nouveau mode de calcul des indemnités chômage. Et, à cette occasion, Emmanuel Macron a repris la contre-vérité selon laquelle des demandeuses et demandeurs d’emploi auraient des allocations supérieures à leurs salaires antérieurs. Un argument spécieux construit sur une manipulation des chiffres, avancé depuis deux ans par le pouvoir pour justifier une réforme qui doit réduire les allocations mensuelles de plus de 1 million de privées d’emploi, selon les études d’impact de l’Unédic.

Côté déni, le chef de l’État, en affirmant une « mise en œuvre » au 1er octobre, fait comme si les deux désaveux du Conseil d’État en novembre 2020 et en juin 2021 étaient quantité négligeable. En effet, la ­haute autorité administrative a suspendu en référé la réforme devant entrer en vigueur le 1er juillet, considérant que ni la situation sanitaire ni la situation économique ne permettaient son démarrage. Elle devra se prononcer sur le fond d’ici la fin ­d’année. Le gouvernement ne pourra ­passer outre que par un nouveau dé­cret à la rentrée, or ce décret sera de nouveau contesté devant le Conseil d’État, qui pourra difficilement se déjuger alors que l’épidémie n’est pas sous contrôle.

L’acharnement de l’Élysée sur ce sujet s’explique par la faible mobilisation des chômeuses et chômeurs pour défendre leurs droits, et par la volonté de communiquer sur la poursuite des « réformes ».

Retraites : le dossier est rouvert

En effet, sur les retraites, l’exécutif cherche en vain une fenêtre de tir lui permettant d’imposer l’une des réformes les plus impopulaires du quinquennat. L’abandon, pour cause de Covid-19, de la retraite à points, n’a pas éliminé les velléités d’Emmanuel Macron de casse de cette protection sociale. Contre toute attente, le chef de l’État a rouvert ce dossier dès le 3 juin, avant de laisser libre cours aux spéculations sur le recul de ­l’âge de départ.

Certes, au soir du 12 juillet, le ­président a renvoyé cette réforme à plus tard, en la conditionnant à une épidémie sous contrôle et à une reprise économique solide, mais en martelant la nécessité de travailler plus longtemps – une façon de fixer les termes du débat de la présidentielle en vue d’un chantier dans les premiers mois d’un second mandat. À moins que Macron ne se lance un nouveau défi délirant avant l’élection de 2022. Pour l’heure, le premier scénario tient la corde, faute d’une fenêtre de tir évidente d’ici là.

Stéphane (UCL Montpellier)

 
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