Collomb aux affaires, de Lyon à Benalla




Petits arrangements entre amis, emplois fictifs, détournement de fonds, évictions de tout débat contradictoire, tout est bon pour Gérard Collomb pour permettre à Macron d’arriver au pouvoir et d’ainsi préparer sa petite place à côté du roi. Seulement voilà, depuis l’affaire Benalla, Macron a chaud aux fesses et son petit ministre de l’Intérieur se retrouve dans une fâcheuse posture. Du coup, volte-face de Collomb, haro sur la mairie face à Wauquiez.

Les affaires, ça, Gérard Collomb, il connaît. On ne les compte plus d’ailleurs. Celles liées à son nom ou à ceux de ses proches. Il est au cœur d’un système qu’il a lui même construit, plaçant ses pions là où il faut : à la mairie de Lyon, à la Métropole et maintenant à l’Intérieur. Il tisse sa toile dans les différents conseils d’administrations des entreprises publiques et privées de la région lyonnaise, joue des coudes en politique. Entre magouilles, favoritisme politique, tout est bon pour assurer ses arrières.

Dès 1969, il milite auprès des mitterrandiens de la Convention des institutions républicaines, puis à la refondation du PS. Il commence à s’immiscer dans le paysage politique lyonnais en 1977 en entrant au conseil municipal. Là, tout s’enchaîne : il devient député du Rhône de 1981 à 1988, sénateur du Rhône de 1999 à 2017, maire de Lyon de 2001 à 2017 et président de la métropole de Lyon de 2015 à 2017, pour enfin être nommé par Macron ministre de l’Intérieur en 2017 pour service rendu auprès de son idole de président.

Gérard Collomb, cumulard parmi les cumulards, agit comme « le baron » incontesté sur ses terres lyonnaises. Rien ne peut se faire sans passer par lui. Omerta et ciel de plomb pèsent sur la ville, et les acteurs de la vie publique ne peuvent pas parler librement au sujet de Collomb sans passer pour des opposants politiques. Ainsi Rue89 Lyon relatait, en mars 2017, que Gérard Collomb était à la manœuvre pour faire annuler un débat de Mediapart avec Edwy Plenel sur la démocratie, organisé par la bibliothèque municipale ; tout comme pour la venue de Christiane Taubira dont il refusera le prêt d’ une salle municipale alors qu’elle venait présenter son dernier livre sous le prétexte fallacieux qu’il s’agissait « d’une réunion à caractère politique ». Celle-ci en avait judicieusement conclu que « le pluralisme d’idées n’était pas pleinement accepté par tous ».

Des ristournes de –30 % à –60 %

Mais cette pseudo règle de « neutralité politique » à laquelle Gérard Collomb semble attaché, ne s’applique pas à lui-même. Ainsi, Collomb et ses amis ont fait bénéficier au candidat Macron de douteux avantages : pour l’organisation de meetings politiques d’En marche, la société GL Events, dirigée par Olivier Ginon, a accordé des ristournes de –30 %, –60 %, voir « c’est cadeau », pour la location de certaines salles du groupe d’événementiel, pour la campagne de Macron en 2016 et 2017, selon un article du Figaro du 30 avril dernier. La droite, n’a d’ailleurs pas manqué de déposer des plaintes contre X pour détournement d’argent public.

Olivier Ginon, qui n’est pas non plus en reste d’affaires louches, a été cité dans le dossier des « Panama papers » pour ses activités internationales, mis à jour par le journal Le Monde. Ce proche de Collomb, dont l’amitié remonte à plus de 20 ans, est aussi actionnaire du Matmut Stadium (ancien stade de Gerland) et du club de rugby de Lyon, le Lou. En échange de son « amitié » à la lyonnaise avec Gérard caractérisée par une relation discrète et feutrée, faite de réseaux politiques et économiques ; où depuis plus de vingt ans s’entremêlent des opérations immobilières, des attributions de marché publics et des conflits d’intérêts selon Mediacités Lyon en mai 2018, Olivier Ginon rend quelques petits services.

Mais il en est d’autres : Jean-Marie Girier, chef de cabinet à la métropole de Lyon, est gentillement mis à disposition comme directeur de campagne de Macron pendant plusieurs mois à plein temps sur les deniers de la ville. Et en bon prince, Collomb organise le 2 juin 2016 autour de Macron, encore ministre de l’Économie mais tout juste fondateur de La République en marche, une petite fête réunissant 600 personnes – toujours aux frais du contribuable.

Les relations de Gérard Collomb ne se limitent pas aux politiques et aux entrepreneurs. Il est franc-maçon assumé au Grand-Orient de France, mais aussi très proche de l’Église catholique lyonnaise. Proche du cardinal Barbarin, il favoriserait « un climat de dialogue entre le monde politique et les religieux catholiques ». Selon Rue89 Lyon en novembre 2016, l’archevèque de Lyon avait invité Gérard Collomb, président PS de la métropole de Lyon, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes et Christophe Guiloteu, président LR du département de Rhône à rencontrer le Pape François au Vatican, avec des messes au programme des élus. Comme quoi la laïcité du monde politique et de la vie publique, n’est pas gagnée pour tout le monde.

Autre étrangeté, que celle de la complaisance de Collomb à l’égard des fachos à Lyon. Clément Galant, le porte-parole de Génération identitaire et que l’on a vu dans les médias lors de l’action antimigrants du col de l’Échelle, ou du C-Star de Defend Europe n’est autre que le fils d’un ami de grande date de Collomb, Philippe Gandin. [1]

L’affaire Benalla a été une porte de sortie pour récupérer la métropole de Lyon. Pendant l’affaire Benalla, Gérard Collomb assure à qui voudrait l’entendre, qu’il ne connaît pas « l’ individu » et qu’il n’a donc rien à faire dans cette « affaire d’État ». Tous les moyens sont bons pour se tirer de cette galère et d’affirmer qu’« il vaut mieux passer pour quelqu’un d’un peu incompétent que pour un délinquant », tout en continuant à expliquer que l’embauche de Benalla est bien de la responsabilité de l’Élysée (Le Canard enchaîné du 25 juillet).

Il va de soi que Collomb cherche à prendre ses distances avec Macron, pour se refaire une virginité avant de retourner à Lyon, en vue des prochaines élections métropolitaines de 2020. Il a d’ailleurs annoncé le 18 septembre qu’il sera candidat à la mairie et à la métropole lyonnaise en 2020, dans un entretien à L’Express.

En attendant les élections, l’animal politique pourra reprendre sa place de maire qu’il avait cédée à Georges Képénékian. Celui-ci a expliqué que Collomb est « sur l’idée de récupérer son bureau en juin 2019 ». Képénékian se résigne à se soumettre aux désirs du ministre de l’Intérieur : « Je lui repasse le mistigri, mais je serai à ses côtés », et de devoir repasser simple adjoint au maire l’été prochain, selon le magazine LyonMag. Triste fin pour un homme de paille qui a gardé au chaud la place de son maître.

Les « métropolitaines » vont être le théâtre d’affrontements politiques entre le clan Collomb et le clan Wauquiez. Chacun voudra tirer son épingle du jeu.
Cependant, nous, anarchistes de Lyon, n’oublions pas les magouilles des uns et des autres ! Nous saurons rester vigilantes et mobilisé.es ! La nouvelle capitale de la macronie doit tomber. Sans Collomb, sans Wauquiez, sans fachos !

Marie-Line et Julien I. (AL Lyon)

 
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