Mexique : Solidarité avec les 43 disparus




En septembre dernier, quarante-trois étudiants mexicains étaient enlevés dans la province de Guerrero. Un événement symptomatique du climat de guerre sociale qui règne dans le pays. Face à cela, la solidarité internationale se met en place.

Le 26 septembre 2014, à Iguala, dans la province du Guerrero, les étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa se préparent à aller manifester à Mexico en mémoire des assassinats du 2 octobre 1968 [1].

Pour se rendre à la capitale, ils réquisitionnent plusieurs bus avant d’être pris en chasse par la police municipale. Ils sont arrêtés et la police ouvre le feu. Six personnes trouvent la mort et il y a plusieurs dizaines de bléssé-e-s. Quarante-trois étudiants sont pris en otage et sont encore portés disparus aujourd’hui. Cette disparition forcée a provoqué une onde de choc dans le mouvement social mexicain, mais aussi international, engendrant une forte mobilisation pour que la vérité et la justice soient faites sur le cas Ayotzinapa. Très vite, la collusion entre police, autorités municipales et narco-trafiquants est avérée. Ce drame lève alors le voile sur l’ampleur des massacres perpétués au Mexique (le pays compte environ 22 000 disparu-e-s et 150 000 assassinats toujours impunis).

Bâillonner la contestation

Face à l’attitude de l’état mexicain qui refuse de reconnaître ce crime d’état, les comités de soutien et les proches des victimes, réunis lors du festival des résistances organisé par les zapatistes et le CNI (Congrès national indigène), décident d’organiser plusieurs tournées internationales, dont une caravane à travers onze pays d’Europe et dix-neuf villes (dont Paris et Marseille).

Les 3 et 4 mai, la venue de la délégation d’Ayotzinapa à Paris a été l’occasion de la tenue d’une manifestation contre les violences policières, associant plusieurs collectifs de proches et de victimes de la répression. Le lendemain, une soirée de débat a réuni 150 personnes, avec des prises de parole des membres de la délégation, dont un étudiant rescapé et le père d’un disparu mais aussi des proches de victimes de la police en France. La soirée a été l’occasion d’une réflexion collective sur la répression des mouvements sociaux.

En effet, le massacre qui touche Ayotzinapa n’est pas anodin. Cette école est un lieu historique de lutte et de politisation au Mexique. Cette agression participe de la stratégie de terreur qui consiste à bâillonner la contestation par les balles et la peur, dans un pays en pleine guerre sociale.

Dans ce cas, on voit encore les conséquences d’un état capitaliste et corrompu allié aux narcos pour qui la seule valeur est celle du profit, au mépris des peuples qui luttent pour leur émancipation. Notre réponse ne peut être que la solidarité avec les collectifs de soutien aux disparus, qui n’auront pas de répit tant que les 43 étudiants d’Ayotzinapa ne seront pas réapparus. « Vivos los llevaron, vivos los queremos » [2].

Comme ont pu le dire les compañeros, le meilleur soutien que l’on peut apporter à Ayotzinapa passe par les luttes au quotidien contre toutes les formes d’injustices et d’oppression ici et ailleurs. Ils ont également fortement dénoncé le silence de l’état français, qui travaille main dans la main avec le gouvernement mexicain. D’ailleurs, Enrique Pena Nieto, en bon client des marchands d’armes français, est l’invité d’honneur du prochain défilé du 14 Juillet à Paris…

Camille et Vincent (Paris Nord Est)

[1Il s’agit du massacre de Tlatelolco, où des centaines d’étudiants sont massacrés par l’armée

[2Vivants ils les ont emmenés, vivants nous les voulons

 
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