Culture

Lire Stéphane François : La Nouvelle Droite et le nazisme, une histoire sans fin




Le politologue Stéphane François, dont nous avions déjà chroniqué avec enthousiasme le précédent ouvrage sur les contre-cultures d’extrême droite, nous propose de revenir sur un de ses domaines d’étude, la Nouvelle Droite. Après Les Néopaganismes et la Nouvelle Droite et La Nouvelle Droite et la tradition, tous les deux publiés chez Archè en 2008 et en 2012, et plus récemment La Nouvelle Droite et ses dissidences publié aux éditions Le Bord de l’eau en 2021, Stéphane François revisite les liens entre la Nouvelle Droite et le nazisme.

La Nouvelle Droite, nom que donnèrent en 1979 ses adversaires à cette mouvance d’extrême droite née en 1969 autour du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE) est aujourd’hui la matrice idéologique des extrême droites identitaires et nationalistes révolutionnaires. Son influence va au-delà des groupuscules les plus violents et irrigue largement le Rassemblement national ou Reconquête  !, dans lesquels on retrouve nombre de ses anciens militants. Stéphane François montre ici comment la Nouvelle Droite a éliminé pour une bonne part les références folkloristes à Hitler, faisant davantage référence à des idéologues nazis de formation universitaires, et dépassé le «  nationalisme étroit  » pour une conception racialiste plus large, « élaborée à l’échelle européenne », mettant en avant une prétendue « race blanche » et l’unité indo-européenne. La Nouvelle Droite a également réhabilité le völkisch liant national-socialisme et la « Révolution conservatrice » allemande. Du refus de la modernité à une vision écologique « enracinée » reprise aujourd’hui par les militants identitaires, divers éléments du ­völkisch sont aujourd’hui repris par les extrêmes droites occidentales.

L’auteur montre également les liens entre la Nouvelle Droite et certains penseurs racistes états­uniens du début du XXe siècle, mais aussi les influences qu’elle exerce en retour chez les promoteurs d’une discours racial identitaire outre-Atlantique. Ainsi la Nouvelle Droite, en réhabilitant des thèses nazies qu’elle associe à la « Révolution conservatrice » allemande, a renouvelé le corpus idéologique de l’extrême droite, et apparaît aujourd’hui comme une des influences majeures tout à la fois de l’alt-right étatsunienne, du parti Reconquête !, mais aussi des manifestations les plus radicales de l’extrême droite « telles les actions terroristes de suprémacistes blancs ».

David (UCL Savoies)

  • Stéphane François, La Nouvelle Droite et le nazisme, une histoire sans fin, Le Bord de l’eau, 2023, 180 pages, 18 euros.
 
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