Ecologie

Mobilisation paysanne : Agriculture en péril, soutien aux revendications émancipatrices




Un fort mouvement des agriculteurs et agricultrices secoue actuellement l’Europe, France comprise. Si nous devons être vigilantes devant les éléments anti-écologistes et la réactionnaires de ce mouvement, cela ne doit pas nous empêcher de soutenir les revendications émancipatrices et la lutte légitime de nos camarades.

Les années passent, rien ne change pour les agriculteurices. Pire encore, le nombre d’exploitantes a été divisé par 4 en 40 ans [1] alors que la taille des exploitations augmente toujours plus et que le renouvellement générationnel n’est pas au rendez-vous. Il suffit de regarder les conditions de travail afin de comprendre ce désintéressement : aux horaires infinis s’ajoutent les dettes, tout cela pour une rémunération trop faible qui ne permet pas aux travailleurs et travailleuses agricoles de vivre correctement de leur travail. C’est dans ce contexte, loin d’être nouveau, que les agriculteurices manifestent leur mécontentement partout en Europe, y compris en France.

Cependant, une bonne partie des exploitantes désignent le durcissement des normes européennes comme coupable de tous leurs malheurs. En invoquant une concurrence européenne déloyale, ainsi que le durcissement des normes environnementales, ces agriculteurices font le jeu de leur bourreau qu’est le capitalisme, soutenu et renforcé par la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale. Les revendications principales de ces « syndicats » peuvent pointer dans le bon sens, mais leurs demandes d’exécution vont à l’encontre des problématiques sociales et environnementales auxquelles nous devons répondre dès à présent.

En demandant par exemple l’application de la loi Egalim qui permettrait, selon le gouvernement, une meilleure rémunération des agriculteurices, ces instances protègent les industriels et les distributeurs, empêchent la mise en place de mesures incitatives pour la protection du climat et refusent toute amélioration du « bien être animal » [2]. À travers la formulation d’une autre revendication, « le rétablissement des conditions d’exercice du métier acceptables » [3], leur projet conservateur n’est même plus caché. C’est cet aspect que l’on retrouve le plus dans les slogans, pancartes et prises de paroles des manifestantes. Il n’est donc pas étonnant de voir ces charognards du RN, et autres réactionnaires, tenter une récupération du mouvement.

Ce n’est pourtant pas une fatalité, et nous devons exprimer haut et fort notre soutien aux paysannes qui portent d’autres revendications progressistes et émancipatrices. La Confédération paysanne s’oppose au repli productiviste et revendique la démultiplication des terres agricoles. L’Atelier Paysan s’oppose au techno-solutionnisme et invite toute agri­culteurice à « reprendre la terre aux machines ». Plusieurs associations s’opposent au libre marché et proposent la mise en place de la Sécurité sociale de l’alimentation.

Quand à nous, communistes libertaires, nous rejoignons nos camarades dans leurs revendications, dans leurs volontés d’une agriculture permettant à ces acteurices d’en vivre correctement, de nourrir l’ensemble des populations locales et internationales, à leur échelle, le tout en œuvrant contre le changement climatique. C’est possible, c’est nécessaire, alors faisons-le.

Hugo (UCL Grenoble)

[1« Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d’hommes », octobre 2020, sur le site de l’Insee.

[3« Synthèse des revendications FNSEA – JA, 24 janvier 2024 », sur le site de la FNSEA.

 
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