Biodiversité : Les dégâts de la pêche industrielle




Les énormes bateaux-usines et thoniers congélateurs sont capables de pêcher et de transformer en quelques jours ce que des flottilles de milliers de bateaux artisanaux ne pourraient effectuer en une année. Ils sont une des causes majeures de destruction des écosystèmes marins et contribuent à préparer la crise alimentaire en détruisant la biodiversité.

La pêche industrielle a fait croître le marché des produits de la mer. De quelques millions de tonnes au début du XXe siècle, on est passé à 70 millions en 1970 et à 145 millions aujourd’hui. Les États, les administrations, les armateurs se sont comportés comme si les ressources de la mer étaient inépuisables. Aujourd’hui, selon la FAO – organisation de l’Onu pour l’agriculture et l’alimentation – 8 % des espèces de poissons recherchées sont épuisées, 17 % sont surexploitées, 52 % sont exploitées à leur maximum. Les poissons capturés sont de moins en moins gros et de plus en plus jeunes. « Au moins les trois quart des principales zones de pêche du monde » sont ou seront rapidement affectées par la surpêche. Non content d’épuiser les ressources de la mer, la pêche industrielle [1] est l’objet de gaspillages gigantesques. Environ 30 millions de tonnes, soit près de 30 % de tout ce qui est pêché est rejeté mort par-dessus bord, car non conforme.

Pénibilité accrue du travail

De plus, les filets de chalutage ne font pas de détail sur les fonds marins et raflent toute forme de vie. Les énormes rouleaux de métal servant à tracter les filets affectent chaque année une surface de fond marin égale à deux fois celle des États-Unis ! Et trente autres millions de tonnes de poissons pêchés sont destinées à être transformé en huiles et farines pour nourrir volailles, bovins, porcins, poissons d’élevage, détruisant ainsi plus de protéines que l’élevage n’en fournit pour l’alimentation humaine. Pour maintenir le niveau des prises, les politiques menées relèvent de la fuite en avant : lancement de bateaux et d’engins de plus en plus puissants, de plus en plus performants, entraînant une hausse continuelle des frais d’exploitation des bateaux. D’où une baisse inexorable de la rentabilité des entreprises de pêche que les pouvoirs publics compensent par des aides à la construction, à l’équipement, à la stabilisation des prix du gazole, à la démolition des bateaux vétustes… Sur le plan social, l’allongement et la multiplication des sorties en mer, l’accélération des cadences à bord des bateaux constituent autant de facteurs qui ont pour effet de rendre plus pénible le travail accompli par les marins pêcheurs.

Pillage industrielle des ressources

Aujourd’hui en France, la pêche industrielle fournit l’essentiel des captures en poisson et autres ressources halieutiques. Une différence doit être notée entre la pêche au large, souvent pratiquée sur des chalutiers de 30 à 50 mètres pour des marées de 10 à 15 jours et la grande pêche, pratiquée en haute mer pour des campagnes pouvant durer plusieurs mois, sur des bateaux atteignant 110 mètres de long. C’est cette dernière qui contribue le plus, et de loin, au pillage des ressources de la planète : depuis les années 1960 on assiste à une ruée des flottes européennes, russes, japonaises, coréennes et chinoises sur les stocks de poissons des pays du Sud. Les pêcheurs locaux constatent une baisse continuelle de leurs prises, alors que les produits de la pêche industrielle sont destinés aux consommateurs des pays du Nord. Quant à la pêche artisanale, elle est plus diversifiée et emploie une grande majorité des travailleurs du secteur. Comme dans les pays du Sud, les petits pécheurs subissent les dégâts de l’industrialisation de la pêche.

Jacques Dubart (AL Agen)

[1Selon Greenpeace, la flotte industrielle, armée de 35 000 navires, représente 1 % à peine de la flotte mondiale, mais plus de 50 % de la capacité de pêche mondiale.

 
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