Débat : Prostitution - sortir des malentendus




Dans le cadre du féstival d’Egal à Egales, a eu lieu un débat sur la prostitution visant à expliciter deux positions divergentes sur cette thématique au sein du mouvement féministe.

Sur un sujet qui suscite souvent des débats et des polémiques passionnées et passionnelles, le collectif du festival a essayé de mettre en place un dispositif permettant à chaque partie d’expliciter ses divergences, mais également de faire apparaître ses points d’accord. Le plateau avait été constitué de la manière suivante. Gaëlle Thébaud, membre du collectif, a assurée la présentation de la soirée. Le sociologue Roland Pfefferkorn, auteur d’un article présentant avec une recherche d’objectivité les différentes positions [1], était chargé dans son intervention de rappeler un certain nombre de points factuels et de montrer la complexité des situations empiriques. Irène Pereira, auteure d’articles publiés dans la revue Prostitution et société, a présenté les arguments en faveur d’une position prônant l’abolition de la prostitution. Malika Amaouche, co-fondatrice du collectif Droits et prostitution, était chargée pour sa part d’exposer les arguments justifiants la reconnaissance d’un statut professionnel aux prostituées leurs ouvrant des droits sociaux.

Le débat entre les participants et avec la salle s’est déroulé dans une grande sérénité et écoute mutuelle. Il a sans doutes permis d’expliciter des points de divergences, mais également des points d’accord. Ainsi, les deux parties se sont accordées sur le fait qu’il ne fallait pas dénier la parole des personnes prostituées. Néanmoins, Irène Pereira a insisté sur le fait que l’inégalité des rapports sociaux de sexe et capitalistes fait peser un soupçon sur le consentement exprimé par les prostituées lors de l’échange marchand. De même, les participants au débat se sont accordées sur le fait qu’il existe un lien fort entre grand nombre de situation de prostitution et de précarité économiques. Ainsi, les deux parties sont unanimes sur le fait que l’amélioration des droits de base de tous les membres de la société pourrait ouvrir la possibilité à nombre de femmes de quitter la prostitution si elles le souhaitent. Le point d’achoppement qui demeure porte sur le fait d’accorder des droits sociaux attachés à une profession de prostitué. Une telle revendication permettrait-elle d’apporter une protection aux prostitué-e-s qu’une amélioration des droits de base de tous n’offriraient pas ? Cette revendication ne risque-t-elle pas d’étendre la légitimation libérale dans notre société de la transformation de toute chose en marchandise y compris la sexualité des femmes ? Voici des points qui demeurent en débat...

Irène (AL Orléans)

[1Roland Pfefferkorn, « Autour de l’organisation d’une journée d’étude sur la prostitution : l’impossible compromis » Cahiers du Genre, 2007.

 
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