Traité européen : L’unité, un combat en soi




La manifestation nationale du 30 septembre dernier contre le Pacte budgétaire européen a fait office de rentrée politique, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le traité a ensuite été voté par le PS et l’UMP à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Bien que la mobilisation contre le TSCG [1] ait été initiée par plusieurs dizaines d’organisations, le Front de gauche s’en est arrogé le succès dès la rentrée, en faisant la « manif de Mélenchon ». Il est regrettable que les autres organisations signataires, notamment syndicales (Solidaires, FSU et des structures CGT), ne se soient pas donné les moyens de faire entendre un autre son de cloche et, de fait d’être à la remorque du Front de gauche sur cette date.

Nécessité d’un discours antiparlementaire

Conséquence logique : le mot d’ordre de référendum a prévalu sur le reste. C’est la raison pour laquelle Alternative libertaire n’a pas signé cet appel. Nous aurions appelé à voter non si un referendum avait été accordé par le gouvernement comme en 2005. Mais exiger la tenue d’un referendum relève d’une autre logique, plus institutionnelle et surtout très illusoire [2]. AL a donc appelé à la manifestation en exprimant une opposition totale au traité, la nécessité d’organiser la lutte contre l’austérité et pour une autre société.

Fidèle à sa démarche de fronts anticapitalistes, AL a contacté les organisations anticapitalistes, signataires ou non de l’appel citoyen, pour faire entendre de tels mots d’ordre dans l’unité, comme lors de la conférence sociale du 11 juillet dernier.

La Fédération anarchiste (FA) a décliné, ne voulant en aucune façon être associée nationalement. De même pour la CGA, malgré la présence de quelques militantes et militants à la manif. L’OCL, l’OLS, No Pasaran et LO n’ont pas accusé réception. Alternatifs et Gauche anticapitaliste, membres du Front de gauche, ont estimé que cette démarche les mettraient en porte-à-faux vis-à-vis du Front de gauche. Le NPA a participé dans un premier temps avant de ne plus donner suite, sans explication, tout en dénonçant dans son communiqué l’appropriation de la date par le Front de Gauche, preuve qu’il y avait bien nécessité de construire un autre pôle. Nous nous sommes néanmoins coordonnés pour accoler nos cortèges. Seuls le PPLD (Parti pour la décroissance) et le Moc (Mouvement des objecteurs de croissance) ont répondu favorablement, aboutissant à un tract commun « Ni austérité, ni relance, pour une alternative à la dictature du capital » distribué sur la manif.

Évidemment nous sommes loin de la dynamique espérée. D’ailleurs, certaines difficultés étaient déjà connues : les organisations anarchistes rechignent à s’inscrire dans des dynamiques politiques dont elles n’ont pas la maîtrise. Pourtant, participer à cette manifestation sur d’autres mots d’ordre que l’appel à un referendum aurait été possible et nécessaire, ne serait-ce que pour exprimer de légitimes critiques à l’égard de cette mobilisation « citoyenne » qui prétendait susciter une dynamique d’ensemble du front social. De l’autre, le NPA semble toujours enclin à se considérer à lui seul comme un pôle alternatif au Front de gauche.
Ces difficultés rencontrées au plan national n’empêchent pas les Collectifs pour une alternative libertaire de mettre en œuvre localement des démarches unitaires anticapitalistes. Dans le Lot-et-Garonne, un collectif anticapitaliste a ainsi été créé par AL et le NPA. À Toulouse avec deux autres formations dont le Moc, plusieurs communiqués anticapitalistes communs sont sortis, notamment autour de la lutte des Sanofi, avec la volonté de formaliser un peu plus cette unité. À Brest, AL et le NPA partagent un local et ont sorti un tract commun de rentrée. À Montreuil, une nouvelle édition de la Foire à l’autogestion est en préparation. AL a la volonté de multiplier ces initiatives locales tout en continuant de démarcher nationalement les autres organisations. Si l’unité est un combat, alors nous le mènerons !

Grégoire (AL Orléans) et Fanny (AL Saint-Denis)

[1Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance

[2D’autant que finalement, le PS était majoritaire à lui seul, sans avoir besoin des voix de la droite, pour voter le traité.

 
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