Élections européennes : recompositions fascistes
Les listes à droite du RN aux dernières élections étaient malheureusement bien nombreuses. Déchiffrage.
Les élections européennes de mai dernier ont vu l’émergence de plusieurs listes d’extrême droite à l’ombre du Rassemblement national (RN) : la liste de l’Alliance royaliste, la liste Les Patriotes du dissident du RN Phillipot, celle des conspi-souverainistes de l’UPR, mais également deux listes ouvertement racistes et islamophobes, La Reconquête menée par le groupuscule La Dissidence française et La Ligne claire menée par le micro-parti SIEL ainsi que le théoricien fasciste Renaud Camus.
La Reconquête et La Ligne claire
Ces deux dernières attirent particulièrement l’attention et méritent qu’on s’y attarde.
En effet, si le score qu’elles ont obtenu est dérisoire (respectivement 0,02 % et 0 % des voix exprimés), le fait de pouvoir se présenter au scrutin leur a permis de faire connaître leurs positions ouvertement fascistes au grand public et révèle une certaine dynamique à l’œuvre au sein de l’extrême droite.
Le site d’information antifasciste La horde ne s’y est pas trompé et leur a consacré deux articles particulièrement fouillés. [1] Ces articles nous révèlent, pour chacune des deux listes, une partie des réseaux à l’œuvre : des anciens alliés du RN déçus par son virage trop modéré à leurs yeux (Parti de la france, SIEL), des réseaux catholiques intégristes (Civitas) et des individus et groupuscules ouvertement fascistes (Dissidence française, Génération identitaire, etc.).
Ces tentatives bancales de listes, avec leur lot de casseroles [2], marquent tout de même un tournant pour des groupes qui, ces dernières années, s’étaient plutôt investis dans l’action coup de poing et médiatique, et affirmaient la nécessité d’un renversement violent de la République. Éloignés désormais d’un RN de plus en plus composé de notables et s’affichant comme un parti de gouvernement, ces groupuscules espèrent pouvoir se créer un espace électoral à la droite de celui-ci.
Vigilance et riposte antifasciste
Même si aujourd’hui leur résultat peut paraître dérisoire, il faut néanmoins rester vigilants quant à l’émergence de ces nouveaux réseaux et groupuscules. Comme nous le soulignions le mois dernier (Lire Alternative libertaire n°295, Mai 2019), la dissolution du Bastion social, qui polarisait une partie de cette nébuleuse, ne change strictement rien à la présence des groupes fascistes car leurs stratégies sont sans cesse renouvelées et leurs idées continuent de gagner du terrain.
Que ce soit dans le champ électoral ou non, chacun de ces groupes peut, dans un contexte qui leur est favorable comme c’est le cas aujourd’hui, devenir un véritable danger pour toutes les forces progressistes et le mouvement social. Les exemples européens et internationaux ne manquent pas. À nous de combattre dès aujourd’hui les tentatives de structuration fasciste, et ce sans attendre quoi que se soit de l’antifascisme dit « républicain » qui a démontré son incapacité à faire reculer les idées d’extrême droite, voire même sa tendance à les faire avancer.
Thomas B. (Saint-Denis)