Leroy Merlin : Grand bricolage capitaliste dans le Tarn




Avec comme nouveau projet inutile la construction d’un magasin de matériel de construction, la mairie d’Albi va toujours plus loin dans sa logique de développement à visée métropolitaine.

Après le classement Unesco de la cité épiscopale, la construction d’un théâtre-centre de congrès et la requalification du bâtiment de la scène nationale d’Albi en multiplex cinéma-parking souterrain pour 60 millions d’euros, la ville d’Albi veut son Leroy Merlin. Au programme : bétonnage immédiat de 9 hectares de terres agricoles, emplois créés, renforcement de l’attractivité de l’agglomération et destruction d’une ferme du XVIIIe siècle. L’implantation du magasin surchargerait un axe déjà considéré par les édiles comme un point noir. Elle impacterait aussi le cadre de vie d’une maison de retraite située à proximité.
Attardons-nous sur le point du bétonnage et de la destruction. Les terres et la bâtisse appartiennent à l’hôpital, dans une situation financière désastreuse. La ferme provient d’un legs fait en 1925 qui prévoyait que la moitié des produits ­d’une éventuelle vente reviendrait à l’hôpital et l’autre à des œuvres caritatives religieuses. Il a été décidé que l’argent ainsi récolté revienne à hauteur de 1,4 million d’euros à l’hôpital et le reste au centre communal d’action sociale.

La vente à un promoteur local permettrait certes d’éponger une partie de la dette de 3,1 millions d’euros, mais le hic c’est que le locataire du terrain, le groupe Auchan, pratique l’optimisation fiscale au point de ne payer qu’un euro d’impôt. Donc l’argent s’enfuit dans les poches de la famille Mulliez, sans revenir enrichir l’État et ses collectivités.

Emplois détruits dans les autres enseignes

Au passage, l’autosuffisance alimentaire de la ville et la protection du patrimoine érigés en chevaux de bataille de la mairie en prend un petit coup. Selon la mairie, les terres seraient en friche quand bien même un agriculteur les exploiterait et la ferme en mauvais état et « squattée », alors que l’hôpital a investi dans les années 1990 près de 500 000 euros dans sa rénovation totale, la ferme est donc loin du mauvais état annoncé. Mais bon c’est pas grave ça va créer des emplois et attirer de bons consommateurs à 80 km à la ronde. C’est sans compter tous les emplois détruits dans les autres enseignes de bricolage au sein de la zone de chalandise et le transfert des employé-e-s de Weldom, enseigne du même groupe, située à 500 mètres de là.

Pour couronner le tout, le projet a été, selon les dirigeants locaux, soumis à enquête publique lors des changements de plans locaux d’urbanisme en 2010 et 2013 et lors de réunions publiques où le fond du projet a comme d’habitude été mis en question. C’est ainsi qu’en 2015 les riverains ont appris avec grande surprise qu’un Leroy Merlin allait s’installer. Six d’entre eux ont attaqué en justice le permis de démolir et d’aménager et ont vu un recours pour procédure abusive leur tomber dessus. En effet, l’Aadur (l’association des opposants et opposantes) ne pouvait se porter en justice du fait de ses statuts. En somme, un bel exemple de démocratie participative à la sauce albigeoise.

Paul (AL Tarn)

 
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