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Bangladesh : Grève des ouvrières du textile




Dans un pays où l’industrie du textile représente plus de quatre millions de travailleuses et travailleurs, des ouvrières entrent en grève, occupent des usines et bloquent des routes depuis début novembre. La demande des syndicats de tripler le salaire est restée lettre morte et la répression s’est accentuée.

Le Bangladesh, pays d’Asie situé entre l’Inde et la Birmanie est désormais le deuxième exportateur mondial de textiles. Les grandes marques comme H&M ou le groupe ERAM y font fabriquer leurs vêtements, car le coût de la main d’œuvre y est extrêmement bas. Ce secteur représente à lui seul près de 85 % de ses exportations et le pays compte près de 3 500 usines qui emploient plus de quatre millions de personnes majoritairement des femmes.

En dépit d’une communication axée sur les engagements sociaux et environnementaux, la volonté constante des marques à la réduction des coûts de production conduit à une course vers le bas pour les salaires et une dégradation des conditions de travail. La forte inflation qui touche le pays depuis 2021 a pour conséquence une détérioration continue des conditions de vie. Il n’y a pas eu d’augmentation du salaire minimum depuis cinq ans et les ouvrières doivent parfois contracter des prêts pour se nourrir.

Leur demande : 190 euros par mois

Depuis le début du mois de novembre des grèves massives entraînant des manifestations, des occupations d’usines et des blocages de routes, notamment dans la capitale Dacca, touchent les usines de textile. En particulier celles fournissant les marques occidentales.

Le comité du salaire minimum pour l’industrie textile du Bangladesh regroupant le patronat a proposé d’augmenter le salaire mensuel de base de 56,25 %, le portant à 12 500 takas (104 euros). Une hausse jugée insuffisante et qualifiée d’« inacceptable » par la Fédération des ouvriers de l’industrie et de l’habillement du Bangladesh (BGIWF).

Les revendications des syndicats portent sur un triplement du salaire mensuel de base pour que celui-ci atteigne 23 000 Takas (190 euros) contre 8 500 takas (70 euros) aujourd’hui. L’Asia Floor Wage Alliance « une alliance sociale et syndicale mondiale » estime qu’un salaire décent devrait être de 53 000 Taka (440 euros).

Après plusieurs semaines de grève, le mouvement n’a pas encore eu gain de cause. Le contexte politique a accentué les difficultés des grévistes pour parvenir à la satisfaction de leurs revendications. L’opposition demande la démission de la première ministre, Sheikh Hasina, et a organisé fin octobre des rassemblements contre le gouvernement durement réprimés.

Gouvernement qui, lui, accuse les grévistes d’être manipulées par l’opposition. Le mouvement est marqué par des affrontements avec la police, des émeutes avec des sabotages et une violente répression. Ce fut déjà le cas lors des grèves de 2019. Plusieurs manifestantes ont été tuées par la police et des paramilitaires, des leaders syndicaux ont été arrêtés.

Faire grève c’est aussi se dresser contre le pouvoir à cause des liens entre les industriels du textile et les milieux politiques. La première ministre a menacé mi-novembre les grévistes de licenciement si l’accord proposé par le patronat n’était pas accepté.

Adrien (UCL Bourges)

 
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