Edito d’A Contre Courant : Après les vœux de campagne, l’aveu du reniement




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne
À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL.
Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.

La vérité du hollandisme n’est que la continuité d’une dérive. Qui, mieux que Hollande, pourrait en faire l’aveu tout en se dissimulant derrière un prétendu pragmatisme ? Interviewé, il aurait pu nous dire :
Mettre fin à la chasse aux Roms, aux sans-papiers, gracier la Basque Aurore Martin, réhabiliter les Conti, abandonner les poursuites contre Julien Coupat et sa compagne, imposer le vote des étrangers, certes, cela n’aurait rien coûté à l’État, mais voyez-vous, Son Autorité en aurait été affectée à l’heure où le maintien de l’ordre est plus que nécessaire. Ceux qui me reprochent mon manque de courage ne comprennent pas la nature ambiguë du hollandisme : louvoyer à reculons, c’est tout un art, celui d’affronter de biais l’impopularité du peuple pour recevoir les louanges du patronat et des médias. Prenez l’exemple de l’austérité imposée à petits pas. Je désigne l’adversaire, la finance sans visage, puis je compose. Les créanciers, faut les rembourser sinon les taux d’emprunt seront insupportables ! Je prétends faire reculer Merkel et obtenir un volet de croissance au pacte de stabilité. Elle refuse et je plie, en attendant des jours meilleurs. Elle y viendra d’elle-même lorsque l’Europe entière entrera en récession. Vous voyez ! Manœuvrer à reculons, à la godille, est d’une suprême habileté ! Et je me targue de réussir ce que Sarko n’a pas eu le courage d’entreprendre. Compétitivité : j’appelle Gallois, patron respectable, la droite vocifère, je vais enterrer son rapport, la gauche respire mieux et je choisis le juste milieu. Après avoir fait mine d’imposer les riches avec mesure, je les gratifie de cadeaux sous forme de crédits d’impôt. De même, après avoir répudié et supprimé la TVA sociale sarkozyste, j’instaure l’augmentation de la TVA pour 2014, tout en abaissant le taux sur les produits de 1re nécessité. N’est-ce pas là toute la virtuosité du savoir gouverner ?

J’étais l’homme de la synthèse au Parti Solferino, Président de tous les Français, je le demeure. Certes, j’ai dû prendre en compte le scandale des dépassements d’honoraires mais, tel Ponce Pilate, je m’en suis lavé les mains en confiant les négociations aux partenaires sociaux. Il y a bien eu quelques mouvements d’humeur des privilégiés mais le compromis pour que rien ne change est proche. Il en a été de même pour l’insurrection des « pigeons » et la grogne des « vautours » du CAC 40. Je garde le cap sur le chemin tortueux des reculades. Avec l’appui des médias, l’on peut demeurer populaire tout en restant médiocre. Il n’y a aucune gêne à démériter vis-à-vis de promesses que l’on ne se sent pas en capacité de tenir. Je suis l’œuvre de mes manœuvres.

Certes, c’est un pari pascalien que je fais, tout cagot que je suis. Je parie sur l’angoisse d’un traumatisme que je distille à petites doses. Cette potion tétanise et dans toute ma rondeur je rassure. Vous me dites que le futur du hollandisme n’a pas d’avenir, nous verrons. Dans ma manche, je garde la carte du Vallisme. Voyez Notre-Dame-des-Landes.

 
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