féminisme

Marche de nuit Fières, fortes et bien vénères !




Entre les fachos, les flics, et le sexisme ordinaire, l’appropriation de l’espace public par les femmes et les minorités de genre est plus que jamais à affirmer. C’est pourquoi depuis quelques mois, une manifestation féministe s’organise à Lyon pour rappeler en acte que la rue et la nuit appartiennent aux femmes.

Femmes en lutte 69 : c’est le nom de l’espace pérenne où se côtoieraient des personnes issues de quartiers populaires comme du milieu militant ou LGBT, que nous avons créé cette année à Lyon. Pour cette première initiative, nous voulions faire participer un maximum de femmes cis (celles vivant dans le sexe et le genre attribués à la naissance) et trans à l’organisation. Nous avons donc convoqué une AG non mixte pour soumettre notre projet. Soixante-dix personnes sont venues. L’envie était au rendez-vous, la dynamique était lancée !

Une question a fait débat : la mixité. L’idée de départ était de visibiliser les femmes cis et trans et donc de ne pas ouvrir la marche aux hommes trans. Mais après concertation, la décision est prise d’accepter tout le monde sauf les hommes cis, qui sont les seuls à ne pas vivre des oppressions sexistes dans la rue, de par leur position de dominants.

Partir de cette place, c’était commencer par affirmer que le milieu militant n’est pas exempt de sexisme. Dernières consignes au micro : rappel de la mixité de la marche, distribution de la feuille de slogans, présentation de la « medical team ». Un mot d’ordre aussi qui se révélera utile : en cas d’agression, de menace, de tentative d’intrusion, crier toutes ensembles : « La RUE, la NUIT, nous APPARTIENT ! » et former des lignes resserrées pour protéger le cortège. La sécurité est l’affaire de toutes.


À Lyon, le 10 avril 2015.

“Macho, facho, les meufs auront ta peau !”

Dès le départ, l’ambiance est électrique ; les slogans sont scandés, poing tendu : patriarcat, machisme, violences sexistes, harcèlement, lesbophobie, transphobie, mais aussi racisme, islamophobie, nationalisme, capitalisme, et contre la police… qui surveille la marche. Sur les trottoirs, les gens sont surpris, parfois effrayés, moqueurs, ou hostiles, voire agressifs ; quelques autres encouragent, applaudissent. La nuit tombée, ce défilé bruyant a des accents provocateurs où perce la colère : « Macho, facho, les meufs auront ta peau ! »

Au cœur du cortège, on ressent un sentiment de grande force, ­d’union, de solidarité. Cette détermination ne faiblit pas quand le cordon de CRS nous barre le passage de la place des Terreaux : les cris redoublent, les chaînes se forment, sur plusieurs rangées, on pousse, on avance ; ils reculent, ils cèdent ; on déboule sur la place où,la manif se dispersera en petits groupes, certaines allant à la soirée de clôture prévue au local du collectif lesbien. Cette nuit encore, nous avons prouvé que nous sommes fortEs, vénèrEs et pas prêtEs à s’taire !

Véronique (AL Auvergne) et Myriam (AL Lyon)


 
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