XIe Congrès d’AL : La ville rose en rouge et noir




Le XIe congrès d’AL, s’est tenu à Toulouse du 2 au 4 novembre. Près de 100 personnes y ont participé. Retour à chaud sur ces trois jours qui ont vu se succéder débats en séance plénière, échanges en ateliers, réunions de commissions mais aussi fête et concert.

Un congrès commence toujours de la même manière : par des retrouvailles matinales et un en-cas jovial. Tout à l’heure on ouvrira le volumineux cahier contenant les textes et on s’attaquera aux débats par le menu. Mais pour l’instant, on vérifie que tout le matériel est en place – micros, repro, drapeaux –, et surtout on distribue poignées de main et embrassades, et on partage un café en mettant des visages sur des noms. Des militantes et des militants ont débarqué des quatre coins de la France, mais aussi de Guyane, et une délégation de l’Organisation socialiste libertaire (OSL), membre suisse du réseau Anarkismo est présente. Le Hangar, très belle salle de spectacle attenante à l’Imprimerie coopérative 34, bien connue du mouvement social toulousain, est un cadre chaleureux, et cela a son importance.

Mais déjà la présidence de séance appelle les congressistes, non sans mal, à garnir les sièges.

Comme en 2010, AL avait décidé de limiter les textes en nombre et en taille, et comme en 2010 elle n’y est pas complètement parvenue. L’ordre du jour, très serré, a été respecté, mais au détriment des temps de travail en atelier restreint – écologie, féminisme, web – qui ont été trop courts et ont pâti de l’absence de salles annexes. Cet aspect sera à repenser.

Orientation générale

Pour la première fois à AL, deux motions d’orientation générale concurrentes étaient présentées. La première, qui a emporté la majorité, porte une stratégie sur trois niveaux : primo, pour un front social fédérant les luttes – syndicats de lutte, comités de chômeurs, chômeuses et précaires, comités logement, associations féministes... – pour faire naître un véritable contre-pouvoir populaire déconnecté des institutions républicaines. Secundo, pour un front anticapitaliste associant les organisations (AL, NPA, CGA, FA, Alternatifs…) qui ne se satisfont pas du réformisme antilibéral du Front de gauche, et pourraient se faire entendre plus largement en parlant d’une voix commune chaque fois qu’une convergence est possible. Tertio, pour le développement de l’audience d’AL hors des milieux militants et la construction d’un courant communiste libertaire.

La seconde motion rejetait le projet de front anticapitaliste et portait une même logique de front social, mais avec des nuances, notamment l’abandon des revendications transitives (droit de veto sur les licenciements, réduction du temps de travail, etc.) et le développement d’une entraide sociale (dite « activité de crise ») au sein des fractions les plus précarisées du prolétariat.

C’est incontestablement le débat qui a dominé les esprits. Et si la motion n° 1 a été adoptée, nombreux sont les congressistes qui ont estimé que la n° 2 contenait certaines idées novatrices qui ne devaient pas être abandonnées.

L’autonomie productive

Renvoyant dos à dos le protectionnisme et le libre-échange, considérés comme « les deux faces d’une même monnaie », la motion consacrée à l’économie (dont la publication est différée à janvier, en attendant d’être complétée) dénonce deux formes nullement contradictoires du capitalisme qui engendrent toutes deux la guerre et la misère, organisent la concurrence entre les travailleurs, reposent sur des bases interclassistes et restent adossées aux appareils d’Etat. Face au dumping social, aux délocalisations, aux mono-industries d’exportation, AL adapte le concept de « souveraineté alimentaire » défini jadis par l’Internationale paysanne Via Campesina et défend l’idée d’« autonomie productive » : pour des raisons sociales, écologiques et anti-impérialistes, chaque région du monde doit pouvoir produire ce dont elle a besoin.

Organiser les précaires

Parmi les précaires, AL distingue deux grandes catégories : d’une part, celles et ceux qui sont intégrés à une entreprise mais sous statut précaire et, d’autre part, celles et ceux qui naviguent d’un patron à l’autre, avec des interludes de chômage. Si pour les premiers le syndicat est sans aucun doute le cadre le plus efficace pour se défendre, c’est plutôt dans des collectifs territoriaux que les seconds ont tendance à se grouper. L’enjeu serait de fédérer les différents collectifs qui existent aujourd’hui, et d’aller vers un réseau national qui redonne une visibilité politique à cette catégorie du prolétariat, alors que les structures historiques (MNCP, AC !, Apeis, CGT-Chômeurs) sont à la peine.

Logement : refusons la spéculation !

Blocage des loyers et réquisition des logements vides : il faut se battre pour les obtenir, mais ces mesures ne peuvent être que transitoires. La crise du logement est due au marché. La solution, c’est la socialisation, et un service public d’attribution des logements en fonction des besoins des habitantes et des habitants. Pour mener ce combat, on a besoin d’organisations de lutte des sans-logis et des mal-logés, comme le DAL, mais pas seulement.

L’écologie au cœur

A son congrès de 2006, AL affirmait que « face au défi écologique, trois révolutions sont nécessaires » : révolution dans les modes de consommation, dans les modes de production et dans les échanges. Seule une rupture avec le capitalisme peut apporter une solution au cauchemar productiviste auquel l’humanité est confrontée. Pour renforcer et coordonner l’action sur ce front, un secrétariat d’intervention Ecologie a été créé au sein d’AL.

La commission congrès d’AL


DÉLÉGATIONS ET MESSAGES

Ont assisté à la partie publique des camarades de la Fédération anarchiste (FA), du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), des Alternatifs, du Comité syndicaliste révolutionnaire (CSR) ainsi que du Mouvement des objecteurs de croissance (MOC). La Coordination des groupes anarchistes (CGA), réunie en congrès aux mêmes dates, a fait parvenir un message, de même que plusieurs organisations du réseau international Anarkismo comme la FARJ brésilienne, la FdCA italienne, l’OSL et la FAU uruguayennes, ainsi que la FCL chilienne. Deux observateurs de l’OSL suisse étaient présents. Enfin, l’Union syndicale Solidaires a adressé une lettre de salutations à AL.


SIGUE LUCHANDO

Le samedi soir du congrès était libre et festif, avec le concert de Thomas Jimenez, alias El Communero, qui en octobre a sorti son 2e album, Sigue Luchando, une interprétation rock des classiques de la Révolution espagnole. Merci à lui !

Merci également à l’équipe des cuistots : sans cassoulet, ce congrès de Toulouse n’eût pas été pleinement réussi.

 
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