« Grand emprunt » : Les facs incitées à spéculer




Sarkozy a détaillé le 14 décembre dernier la répartition du grand emprunt. En bref : on emprunte plus pour donner plus au privé.

Cela fait plusieurs mois que nous entendons parler du grand emprunt et des recommandations de Juppé et Rocard.

Qui prête ?

Après avoir un temps pensé s’adresser aux particuliers, le gouvernement a décidé de revenir aux bonnes vieilles méthodes, en empruntant aux banques. L’emprunt sera finalement limité à 35 milliards d’euros, au lieu des 100 milliards prônés par les ayatollahs de l’UMP. Enfin 35 milliards, ça représente déjà pas mal d’intérêts à rembourser.

Qui paye ?

Justement, qui va payer les intérêts et qui va rembourser ? Sarkozy répond en disant qu’il n’augmentera pas les impôts mais qu’il réduira les dépenses, notamment en tenant une conférence sur le déficit de la France réunissant l’État, les élus locaux et la Sécurité sociale. Le scénario est donc déjà écrit : si l’État est en déficit c’est à cause du prétendu trou de la Sécu, donc il faut monter la durée de cotisation à 42 annuités. Ce n’est pas la première fois depuis le début de la crise que le gouvernement espère faire d’une pierre deux coups en faisant payer aux travailleuses et aux travailleurs le grand emprunt, par la casse des retraites.

Qui bénéficie ?

11 milliards seront soi-disant attribués à l’enseignement supérieur. Pour être exact, Sarkozy attribue 8 milliards de dotation en capital à des fondations pour « faire émerger 5 à 10 campus d’excellence ». Il s’agit donc de donner aux universités les plus performantes du capital à placer en bourse. C’est un peu le système des facs américaines, comme Harvard, qui a perdu 11 milliards de dollars (un tiers de son capital) en un an à cause de la crise financière. Mais ce n’est pas très grave puisque les facs françaises peuvent maintenant moduler leurs frais d’inscription autant qu’elles veulent, comme les facs américaines.

De même, sur les 8 milliards alloués à la recherche, il y en a 3,5 pour les « applications industrielles » et 2,5 pour l’Alliance des sciences de la vie, ce nouvel organisme créé par le gouvernement et dénoncé par les syndicats comme un moyen d’asservissement de la recherche à l’industrie. Quand on sait que des organismes similaires sont mis en place pour la recherche sur les énergies, la mer ou l’agroalimentaire, on peut être sceptique sur la destination finale du reste des 5 ou 8 milliards soi-disant destinés au développement durable.

6,5 milliards seront directement donnés à l’industrie de pointe (aviation, aérospatiale, TGV). Pas un mot sur les délocalisations évidemment. Il s’agit uniquement de maintenir en France une recherche industrielle performante, pas la production.

Enfin, 4 milliards seront consacrés au passage de la totalité du territoire au haut-débit Internet, 500 millions à l’apprentissage, et 750 millions à la numérisation des contenus des bibliothèques et musées. De sacrées mesures de sortie de crise !

Conclusion : les banques prêtent, les classes populaires remboursent et le privé bénéficie. CQFD.

Grégoire Mariman (AL Paris Sud)

 
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