Sommet de Copenhague : Le capitalisme vert est mort-né




Du 7 au 19 décembre s’est déroulé à Copenhague le 15e sommet sur le changement climatique. Un événement surmédiatisé, perçu comme le sommet de la dernière chance mais qui tant dans son déroulement que dans son aboutissement n’aura été qu’une farce de mauvais goût.

L’« accord » rédigé in extremis dans un huis clos des pays riches n’est qu’une déclaration de bonnes intentions. De nombreux pays menacés ont refusé de le signer, à l’image du représentant de Tuvalu, archipel qui devrait être submergé d’ici 2020.

Le texte ne contient en fait qu’un seul chiffre, indiquant que l’« augmentation de la température devrait être limitée à 2° C d’ici cinquante ans ». Les scientifiques estiment en effet qu’au delà de 1,5° C, les conséquences pourraient être dévastatrices. Mais aucun engagement global chiffré, aucun mécanisme contraignant ! Chaque pays pourra, s’il le souhaite, réduire ses émissions de gaz à effets de serre (GES) par rapport à une année de référence qui n’est pas la même pour tout le monde.

On est en fait très loin du projet de départ, qui visait à réduire de 50 % les émissions de GES d’ici à 2050 par rapport à 1990. Plus grave encore, le protocole de Kyôto – qui avait au moins pour mérite de contraindre à une réduction de 5 % des émissions par rapport aux niveaux de 1990 entre 2008 et 2012 – ne sera peut-être pas prorogé. Le faux accord de Copenhague est ainsi en net recul par rapport à celui de Kyôto.

Enfin, ce sommet a été l’occasion pour le lobby nucléaire, avec l’aide de Nicolas Sarkozy, de plaider pour que le nucléaire soit considéré comme une énergie « propre » et comme une solution au réchauffement… ce qui est un énorme mensonge dans les deux cas !

Remettre en cause le marché

L’issue du sommet n’est pourtant que le reflet de son déroulement chaotique. Des quelques 20 000 représentants d’ONG admis au sommet, le nombre autorisé s’est réduit à quelques dizaines à partir du 11 décembre. Les nombreuses heures de palabres entre ONG, scientifiques et représentants de 193 pays n’ont servi à rien : les derniers jours, les pays riches ont court-circuité les négociations en organisant des rencontres informelles, à huis clos, où tout, ou plutôt devrions-nous dire, rien n’a été décidé.

Pour AL, la prévention de la catastrophe qui s’annonce passe par la remise en cause globale du système capitaliste [1]. Un système de production et de distribution dont les choix de développement ne sont dictés que par la recherche du profit et l’accumulation du capital pour une minorité ne peut aboutir qu’aux aberrations que l’on voit aujourd’hui : une politique de transports fondée sur la voiture individuelle, la délocalisation des productions, etc.

Nous n’attendons rien de la bourgeoisie qui continuera à maximiser ses profits au détriment de nos vies. Seule une économie sous le contrôle des travailleuses, des travailleurs et des citoyens permettra de changer la donne environnementale.

Mathieu (AL Paris-sud)


RÉPRESSION ÉCOLO-COMPATIBLE AU CONTRE-SOMMET

Le 18 octobre, le gouvernement danois faisait voter en urgence une loi liberticide et dirigeait des arrestations préventives pour empêcher toute expression populaire durant le sommet.

Le 12 décembre, 80.000 personnes manifestaient. Le black block se trouvait derrière les cortèges de Greenpeace et de Justice Climate. Vingt minutes après le début de la manif, le bloc écolo a reçu la consigne de s’arrêter pour nous bloquer à l’arrière.

Pile à ce moment-là, la police a attaqué par la droite. Les manifestantes et les manifestants du black block, traqués car vêtus de noir, ont tenté de s’enfuir mais sont tombés dans un véritable guet-apens. Ils ont alors été parqués dans un ancien entrepôt Carlsberg transformé en centre de détention grillagé.

S’ensuivirent douze heures de détention. Entassés à 15 par cellule de 2,2 x 6 mètres, nous nous sommes mutinés pour avoir plus d’espace. Avec un banc transformé en bélier, nous avons ouvert la porte et détruit une grille pour passer de 15 à 30 par cellules. Les écologistes nous ont vendus… pour finalement se faire eux aussi arrêter quelques jours plus tard !

Fred (AL Montpellier)

Photo : un manifestant à Copenhague 2009 © Bureau of IIL.

[1Lire « Contre la taxe carbone : Pour une révolution écologique », dans Alternative libertaire d’octobre 2009.

 
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