PSA : Porter des revendications nouvelles




À PSA, la lutte contre les licenciements connait plusieurs obstacles dont la mise en concurrence des travailleurs et l’incapacité des organisations syndicales à unifier les différents sites.

Plus de 8 300 suppressions d’emplois ont été annoncées mi-juillet lors d’un comité central d’entreprise (CCE), avec comme conséquence la fermeture de l’usine d’Aulnay (93) employant plus de 3 000 salarié-e-s. Ce fut un véritable coup de tonnerre pour les salarié-e-s qui ont débrayé à plusieurs reprises sur le site d’Aulnay et celui de la Janais (35), situé à côté de Rennes et deuxième site le plus touché par le plan de restructuration. La décision de supprimer des emplois est symbolique des richesses accaparées par la famille Peugeot et la direction du groupe, de la crise du secteur automobile et l’accumulation de plans sociaux. Le calendrier a été longuement pesé par la direction et l’annonce du plan social a été faite moins de deux semaines avant la fermeture annuelle. Les salarié-e-s des entreprises sous-traitantes (Faurecia, Lear, ISS LP, Trigo...) seront évidemment impactés et les emplois précaires – CDD ou intérim – constitueront comme à chaque fois la variable d’ajustement.
Des solutions existent pour le secteur de l’automobile : depuis les réflexions sur le mode de production par type de véhicules produits en passant par le contrôle de l’entreprise par les salarié-e-s. Mais dans l’immédiat, PSA a les moyens financiers de ne pas fermer l’usine d’Aulnay et de ne pas supprimer ces milliers d’emplois.

[*Syndicats jaunes à Aulnay*]

La lutte menée par la CGT et Solidaires en tête connaît pourtant des obstacles : le plus important est la mise en concurrence des sites et l’absence de réponses de la majorité des organisations syndicales pour appeler à unifier la lutte. Si la CGT raisonne bien en termes de « groupe », la coordination des équipes des différents sites manque de volontarisme, préférant départementaliser les luttes pour chaque site. Solidaires, représentatif sur plusieurs sites mais pas au niveau de l’entreprise, a appelé avant les vacances à une lutte commune sur tous les sites, le droit de véto des travailleurs sur les licenciements et la création d’un fonds mutualisé financé par le patronat du secteur de l’automobile, toutes entreprises confondues. Le deuxième obstacle concerne le rapport de force interne à l’entreprise. L’histoire du groupe et la forte pression exercée contre les syndicats de lutte a pour conséquence que le SIA, un syndicat maison, est premier en termes de voix à Aulnay, et qu’il existe encore un important syndicalisme « jaune ».
Le dernier obstacle concerne la stratégie de lutte, dont les équipes syndicales auront à discuter avec les salarié-e-s, inégalement informés et pour beaucoup résignés. Trois tendances s’opposent : la première, formée par un pôle syndicaliste « jaune » et réformiste, accompagne la restructuration et répète que c’est une bêtise de vouloir bloquer la production. La seconde, qui rassemble une partie de la CGT dont les liens avec LO sont forts sur certains sites, est de mener une lutte médiatisée, même minoritaire, et de faire grimper les indemnités de départ. Une alternative proposée par une autre partie de la CGT et Solidaires est de s’opposer à tout plan de restructuration : pas question d’accepter « de vendre sa peau », même chère, sur le modèle de ce qui avait été fait à Continental. La rentrée peut être « chaude » chez PSA, mais ne doit pas se résumer à des coups d’éclats fortement médiatisés, dont le seul but – dans la pure tradition stalinienne du mouvement syndical – serait de porter une image de radicalité, et de lâcher en même temps sur l’essentiel.

[*Unifier les sites contre les licenciements*]

Ce qui se passe à PSA n’est pas isolé, et porter des revendications nouvelles pour le secteur privé comme le droit de véto des travailleurs sur les licenciements est urgent. À Sevelnord, entreprise codétenue par PSA, un accord de chantage à l’emploi vient d’être signé par les syndicats maisons et réformistes. Au programme : accentuation de la mobilité, gel des salaires et engagement de ne pas procéder à des licenciements économiques tout en restant flou sur les départs « volontaires ». Ce message, envoyé par le patronat pour exiger des salarié-e-s qu’ils se soumettent aux intérêts capitalistes, nous devons le combattre, à PSA comme ailleurs.

RoberK (AL Montreuil)

 
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