Solidaires finance publiques : Le vieux SNUI fait sa mue




Du 19 au 21 juin dernier, l’Union SNUI-Sud Trésor Solidaires tenait son 28e congrès à Albi. Parmi les plus combatifs dans un secteur où la contestation sociale est bien ancrée, ce syndicat a changé de nom lors de ce dernier congrès pour Solidaires Finances publiques.

La Direction générale des Finances publiques (DGFIP) est issue de la fusion en 2008 des administrations des Impôts et du Trésor public. Depuis 2007, ce n’est pas moins de 15 000 suppressions de postes, soit le non-remplacement de 3 départs sur 4 à la retraite, qu’a déjà subit la DGFIP, et le nouveau gouvernement prévoit d’en supprimer encore [1]. Face à la dégradation des conditions de travail et du service public issue de cette casse, les agents de la DGFIP ont souvent été à la pointe des luttes ces dernières années. De la grève contre la fusion au printemps 2008, qui a vu des dizaines de sites bloqués par les grévistes, à celle de l’automne 2010 contre la réforme des retraites où la DGFIP comptait parmi les plus forts taux de grévistes, la contestation sociale est profondément ancrée dans ce secteur. Les deux principaux syndicats sont Solidaires et la CGT, et la présence d’un syndicalisme de masse et de terrain dans cette administration est une donnée essentielle pour comprendre les rapports de classes qui s’y jouent.

Lors des premières élections aux commissions paritaires post-fusion de 2011, Solidaires arrivait en tête avec 33 % des voix, devant la CGT avec 29 % et FO avec 20 %. Solidaires progressait de 3 % et consolidait sa première place. L’essentiel des militantes et militants de terrain sont des syndicalistes de Solidaires et de la CGT. Cette dernière accepte l’unité d’action avec Solidaires. FO qui était le syndicat majoritaire « main dans la main avec les directeurs » dans l’ancien Trésor Public, arrivait à se maintenir en jouant de la posture radicale de son expression publique.

[*Réaffirmation de l’indépendance politique*]

Solidaires Finances publiques est le syndicat le plus important de l’Union syndicale Solidaires, avec un peu plus de 20 000 adhérents (sur les 100 000 que compte l’Union). Son orientation générale, que l’on peut caractériser aujourd’hui de combative, citoyenne et antilibérale, est à distinguer d’autres syndicats Sud plus franchement anticapitalistes. Ainsi, la réaffirmation de l’indépendance politique du syndicat lors du congrès de juin dernier n’a rien de neutre alors que c’est un gouvernement de gauche qui est à présent au pouvoir. La décision de changer de nom - 72 % pour - a été également l’occasion de vifs débats, une minorité voyant une volonté de radicalisation dans l’adoption du nom Solidaires ! La radicalisation, et c’est tout l’enjeu de l’action syndicale, c’est dans les luttes et dans la rue que Solidaires entend la construire dans les prochains mois.

Jean-Luc (AL Rennes)

[1Le gouvernement actuel prévoit de supprimer 2 500 postes en 2013 selon Le Monde du 2 aout 2012.

 
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