féminisme

Cologne, ce n’est pas que la Saint-Sylvestre




Un texte de camarades allemands, suite aux agressions sexistes et sexuelles de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, et au déchaînement de propos racistes qui s’est ensuivi. A lire également, l’article dans Alternative libertaire de mars, pour prendre un peu de recul et ne jamais oublier que le sexisme, contrairement aux richesses, est partagé entre tous, de quelque origine sociale, religieuse, nationale qu’ils soient…

Les agressions commises dans la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne ont fait la une des journaux, partout dans le monde. L’année 2016 a commencé avec des actes de violence envers des femmes de toutes nationalités ou couleurs de peau. Ces événements sont devenus un symbole et un défi pour les différentes actrices et acteurs sociaux, syndicaux et associatifs de la ville.

Le gouvernement allemand a utilisé ces incidents pour durcir les lois contre les réfugié.e.s, et la police a procédé à plusieurs perquisitions dans les foyers de demandeurs d’asile. Un foyer a d’ailleurs été attaqué par des bandes de néonazis avec une grenade offensive – qui heureusement n’a pas explosé. La police judiciaire a signalé des incendies criminels. Des agressions envers les immigré.e.s se multiplient. Les mouvements de droite et d’extrême droite en ont profitépour organiser une manifestation où le seul mot d’ordre était la haine de l’étranger.

Le pire...

2004 : attentat meurtrier à la bombe chargée de clous par des néonazis, dans une rue habitée majoritairement par des immigré-e-s turc-que-s et kurdes. Au départ, la police allemande avait annoncé que c’était la mafia turque qui semait le désordre.

2013 : 5.000 hooligans racistes traversent la ville en menaçant des immigré-e-s. La police a été beaucoup critiquée, car présente sur les lieux, elle n’est pas intervenue.

2015 : un militant néonazi — bien connu dans la ville, et de la police — poignarde la maire de Cologne Henriette Reker en revendiquant des motivations racistes.

Et le meilleur

Mais Cologne c’est aussi le berceau des mouvements démocratiques et d’un mouvement ouvrier et syndical assez fort depuis les années 1970. 19 000 salarié-e-s travaillent rien que chez Ford, 12 000 sont issu-e-s de l’immigration turque et kurde. Parmi les militants syndicaux-les dans l’ usine il y a toute une frange des militant-e-s immigré-e-s qui sympathisent avec un syndicalisme de base et combatif. Des rencontres se sont déjà tenues entre et les militant-e-s de IG Metall chez Ford et de Solidaires Industrie ces dernières années.

L’année 1972 a vu la première grève massive des travailleuses et travailleurs immigré.e.s chez Ford avec des comités de grève autonomes, pour de meilleures conditions de travail et pour plus de décence, ressemblant beaucoup aux grèves pour la dignité à Poissy en 1982. Ces grèves sauvages symbolisent la première rébellion ouvrière dans l’histoire de l’immigration en Allemagne et elles ont marqué jusqu’à aujourd’hui la vie des salarié.e.s dans la ville et dans le pays.

Et maintenant ?

Depuis le 31 décembre, de nombreuses réunions, débats publics, assemblées de quartier, réunions des femmes ont lieu.

L’orientation générale du mouvement syndical et associatif, des groupes de femmes, des initiatives des immigré.e.s, des artistes et des groupes de musique, c’est l’indignation contre les violences que subissent les femmes partout, pas seulement dans la rue, mais aussi dans tous les rapports sociaux. Ils et elles veulent s’engager encore plus pour pour le vivre-ensemble contre tous ceux qui veulent récupérer cet événement au profit de leurs idées réactionnaires.

WH et LB, Cologne, 7 février 2016

 
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